Si les récents propos du leader de la gauche sioniste, Yaïr Golan, qui a critiqué de façon très virulente la conduite de la guerre à Gaza, participent à créer des brèches dans une union militariste à laquelle il a abondamment contribué, les réactions suscitées par ses déclarations disent aussi beaucoup de la réalité d’une société qui consent très majoritairement à la politique conduite à l’encontre des Palestiniens. D’autre part, la colonialité, entendue comme la prégnance de rapports coloniaux de domination entre les groupes qui forment la société, structure la manière dont Israël « gère » la question palestinienne : en 1948, près de 800 000 Palestiniens sont contraints à l’exil forcé et empêchés par tous les moyens de revenir, tandis que les quelque 150 000 qui deviennent « citoyens israéliens » sont soumis à un régime militaire d’exception et à un ensemble de lois qui institutionnalisent, jusqu’à aujourd’hui, leur infériorité juridique comme politique. Il ne s’agit pas de nier l’existence de manifestants brandissant à Tel-Aviv le visage d’enfants palestiniens de Gaza, l’importance dans le contexte actuel du meeting « pour la paix » It’s Time ou des militants de Standing Together qui protègent les convois humanitaires face aux attaques de nervis d’extrême droite, mais de constater qu’à deux reprises en 2024 le Parlement israélien a très majoritairement voté contre tout projet d’État palestinien : en juillet, ils n’étaient que neuf sur cent-vingt à le soutenir.
Author: Thomas Vescovi, Doctorant en sciences politiques dans le cadre d'une co-tutelle entre l'ULB et l'EHESS, Université Libre de Bruxelles (ULB)
Published at: 2025-06-10 13:58:27
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