Extrêmement sévère avec les dirigeants ukrainiens d’alors, qu’ils jugeaient dépourvus de tout sens de l’Histoire et de l’art du compromis indispensable pour unir un pays divisé entre une majorité tournée vers l’Occident et une minorité russophone, il ne l’était pas moins à l’égard de l’absence de vision stratégique de l’Union européenne. Il n’en demeure pas moins qu’il a raison : le 3 mars 2014, l’ancien conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter avait lui aussi écrit une tribune dans le Washington Post dans laquelle il condamnait dans les termes les plus sévères "l’agression russe contre l’Ukraine", comparant la manière d’agir de Poutine à celle "d’un gangster de la mafia". Lorsque, un an plus tard, il expliquera avoir changé de position sur l’adhésion de l’Otan à l’Ukraine, il le justifiera par le fait que ce pays étant désormais "le mieux armé" d’Europe mais aussi celui dont les dirigeants sont "les moins expérimentés sur le plan stratégique", la meilleure manière d’éviter qu’il ne devienne une source d’instabilité permanente aux portes de l’Europe sera de l’intégrer à l’Alliance atlantique afin que l’Ouest puisse exercer un certain contrôle sur ses décisions militaires.
Author: Jérémie Gallon
Published at: 2025-09-10 16:00:00
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