Ici et là, les entrées de la zone démilitarisée sont visibles à travers la ville, masquées par des sacs de sable, des murs de bidons d'essence, des enchevêtrements de fil barbelé ou des grillages de l'ONU placardés d'avertissements en anglais, en grec et en turc. Le qualificatif «vert» est d'autant plus justifié que, comme on peut l'apercevoir sur les images satellite, la nature reprend peu à peu ses droits sur la zone tampon: des plantes disparues refont surface, des oiseaux viennent peupler les toits écroulés, des reptiles lézardent dans les maisons vides… En 2007, une équipe de scientifiques chypriotes s'est aventurée dans la zone dite «morte» et y a constaté un foisonnement de vie: 358 espèces de plantes, cent espèces d'oiseaux, vingt espèces de reptiles et d'amphibiens et dix-huit espèces de mammifères y ont été recensées, supplantant les humains de la «ligne verte». Comme cela s'est produit le long du rideau de fer, en Europe de l'Est, durant la Guerre froide ou dans la zone démilitarisée entre les deux Corées, la création artificielle d'une frontière a favorisé la naissance d'une niche de biodiversité, où fleurs et animaux effacent petit à petit les traces d'une guerre fratricide.
Author: Nicolas Méra
Published at: 2025-11-30 08:00:03
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