Un Faust grandiose, mais piégé par le kitsch et la langue

Un Faust grandiose, mais piégé par le kitsch et la langue


Coup de chapeau aux ateliers de l'ORW qui ont splendidement travaillé, mais le kaléidoscope d'images conçu par Thaddeus Strassberger pour Faust (La Libre du 12 septembre), s'il fait parfois sens (le poids étouffant de la religion) et offre assurément du grand spectacle, ne crée pas pour autant une proposition théâtrale cohérente : chacun des univers évoqués aurait pu créer un cadre adéquat pour l'opéra de Gounod, mais c'est justement l'accumulation et le mélange qui créent la confusion et le kitsch. Exception faite des régionaux de l'étape (les excellents Julie Bailly en Marthe et Ivan Thirion en Wagner) et de la mezzo-soprano azerbaidjanaise Elmina Hasan – impeccable Siebel nonobstant une allure physique du personnage qui peut décontenancer –, on ne peut hélas pas en dire autant de tous ses collègues en ce qui concerne la prononciation du français. On se raccrochera aux surtitres pour le Mephisto par ailleurs brillant, mordant et finalement attachant d'Erwin Schrott, et pour la Marguerite soyeuse mais absolument incompréhensible de Nino Machaidze (qui chante les sons plus que les mots, et dont la voix se rétrécit dans l'aigu), ainsi que pour l'honnête Valentin de Markus Werba.

Author: François Jongen


Published at: 2025-09-15 10:03:23

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