S’il fut l’une des dernières incarnations du « grand écrivain », sa fiction comme ses essais forment un témoignage bouleversant de la transition entre l’univers d’avant le premier conflit mondial et les convulsions où s’anéantit la confiance dans le progrès et dans la civilisation bourgeoise et libérale. De même La Montagne magique (1924 ; Fayard, 2016), qui raconte le séjour d’un jeune homme, Hans Castorp, dans un sanatorium suisse dans les premières années du XXe siècle, se voulait-il le « sismographe » d’un monde à la veille d’une guerre apocalyptique où il allait s’abîmer. Mann s’obstina ainsi à donner l’image d’un père de famille un tantinet guindé, rasé de près et conforme à toutes les normes de la société bourgeoise.
Author: Nicolas Weill
Published at: 2025-06-01 04:30:29
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