Alors que l’un des plus importants économistes du XXe siècle, le britannique John Maynard Keynes, estimait que la hausse des prix offrait un moyen efficace pour « euthanasier les rentiers » — des acteurs économiques dont il dénonçait le rôle parasitaire — et effacer le coût réel de la dette par l’inflation, le Trésor français leur propose l’équivalent financier du bain de jouvence : les obligations assimilables indexées sur l’inflation française (OATI) ou européenne (OAT€I), des produits qui les immunisent contre toute dépréciation de leur placement liée à la hausse des prix. À la fin des années 1990, un petit groupe de technocrates se constitue autour de M. François Villeroy de Galhau, l’actuel gouverneur de la Banque de France, à l’époque directeur de cabinet du ministre de l’économie, des finances et de l’industrie Dominique Strauss-Kahn. À la fin des années 1990, l’arbitrage entre classes sociales, qui privilégie les épargnants au détriment des salariés, ne soulève plus de questions : il va de soi que les contrats obligataires de la dette souveraine bénéficient d’un statut à part, supérieur, qui ne saurait faire l’objet de demandes d’équivalence de la part d’autres catégories sociales.
Author: Benjamin Lemoine
Published at: 2025-06-22 14:45:33
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