Au regard de ces trajectoires institutionnelles singulières, les notions de « biens d’intérêt général », de « services d’utilité publique » ou de « communs de proximité » nous semblent plus utiles pour tenir compte de l’existence d’un champ de services qui ne sont pas ou qui sont insuffisamment pris en charge par les pouvoirs publics, pas plus qu’ils ne le sont par un secteur marchand. En Bolivie, la « guerre » menée par différentes forces sociales contre la privatisation du service public de l’eau à Cochabamba au début des années 2000 a ainsi produit plus que des communs de l’eau : elle a produit « une société hydraulique populaire », un « agir commun », c’est-à-dire une culture et des pratiques politiques partagées, et a permis à plusieurs acteurs (paysans, citadins, syndicaux) de s’auto-organiser et de s’opposer ensemble aux logiques dominantes de l’État et du marché. La ville italienne de Bologne par exemple a créé en 2014 un instrument afin de traduire juridiquement le principe de subsidiarité : les pactes de collaboration, par lesquels la mairie et les citoyens actifs conviennent de tout ce qui est nécessaire à la réalisation des interventions de soins, de rénovation et de gestion des biens communs urbains, d’une manière partagée.
Author: Stéphanie Leyronas, Chargée de recherche sur les communs, Agence Française de Développement (AFD), Alexandre Gaudry, Doctorant en Aménagement de l'espace et urbanisme à Sciences Po Toulouse, Agence Française de Développement (AFD), Audrey Perraud, Chargée de recherche à l'Agence Française de Développement, Élodie Riche, Chargée de recherche, Agence Française de Développement (AFD)
Published at: 2025-05-20 15:47:03
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