Ce vaste appareil, qui transforme l’argent des contribuables en crédits, en profits d’entreprise, en contributions de campagne et en votes, s’accompagne (et se nourrit) d’une sorte d’axe intellectuel – laboratoires soutenus par le gouvernement, instituts de recherche universitaires, publications, groupes de réflexion et cabinets de lobbying (dont le personnel est souvent composé d’anciens ou de futurs hauts fonctionnaires) – qui se consacre à l’identification (ou à l’invention) de défis et d’alarmes ostensibles en matière de sécurité nationale, toujours supposés être graves et s’aggraver, puis à l’élaboration de réponses à ces défis et alarmes. Il en va de même pour les tendances de la politique américaine, où de véritables héros de guerre (George H. W. Bush, Bob Dole, John Kerry et John McCain) perdent régulièrement face à des adversaires dont les références militaires sont inexistantes ou extrêmement faibles (Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama), mais qui, une fois au pouvoir, font preuve d’une propension remarquable à verser le sang américain (mais aucun membre de leur propre famille) dans des endroits comme la Somalie, l’Irak et l’Afghanistan. Tant que les Américains n’accepteront pas ces faits, tant qu’ils ne parviendront pas à une vision plus nuancée de la Seconde Guerre mondiale prenant pleinement en compte les implications politiques et morales de l’alliance des États-Unis avec l’Union soviétique et de la campagne américaine de bombardements d’oblitération dirigée contre l’Allemagne et le Japon, la version mythique de la « bonne guerre » continuera à fournir des justifications désinvoltes pour continuer à esquiver cette éternelle question : combien faut-il en faire encore ?
Author: Les-crises.fr DT
Published at: 2025-08-02 04:55:16
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