Après avoir salué les Portugais de l’étranger qui ont été deux fois plus nombreux à voter pour Chega en 2025 qu’en 2024 – « les émigrés savent ce qu’est le socialisme, la social-démocratie, la corruption, la subsidio-dépendance, et ils savent ce que c’est que de devoir lutter contre » –, Ventura reprend à longueur d’interviews les éléments de langage de sa campagne « Sauver le Portugal », dont la dernière semaine a été marquée par les deux malaises très médiatisés qui l’ont vu s’affaisser devant les caméras, au point de saturer l’espace médiatique. À l’instar de plusieurs partis de sa famille politique en Europe (que l’on retrouve, au sein du Parlement européen, dans le groupe Parti populaire européen, PPE), l’AD a tenté de ne pas se faire siphonner son électorat en montrant sa détermination à contrôler l’immigration, pourtant vecteur indispensable de la croissance face au vieillissement de la population et à la chute de la natalité. Ce nouveau statut de Chega, outre les pouvoirs qu’il lui confère (deux représentants au Conseil d’État, nomination de trois juges au Tribunal constitutionnel, participation à la composition des listes de membres de l’autorité régulatrice de la Communication sociale et du Conseil supérieur de la Magistrature), contribue non seulement à le « banaliser » en le faisant accéder de plain-pied au mécano institutionnel, mais à renforcer ce « dissensus contraignant » souvent invoqué au sein de l’Union européenne pour dire que l’extrême droite n’a pas besoin d’être au pouvoir pour être influente.
Author: Yves Léonard, Membre du Centre d'histoire de Sciences Po et chercheur associé à l’université de Rouen-Normandie, Sciences Po
Published at: 2025-06-04 14:31:36
Still want to read the full version? Full article