Le moi moderne ne pose pas de problèmes particuliers, puisque ce moi, qui monte en puissance, et remet tout en question via le doute méthodique, reste un moi de philosophe et de savant, un moi prudent et avisé, qui sait s’effacer devant de hautes valeurs intellectuelles : la science, la vérité, la raison, bientôt la technologie. Autrement dit, avec les Modernes, l’Occident fonde des progrès scientifiques extraordinaires, mais il s’économise encore le triste et répugnant destin d’un moi qui dégénère : le narcissisme pervers, l’égoïsme d’un moi-roitelet qui ne reconnaît plus aucun devoir, ne vit que sur l’obsession des droits, comme le font aujourd’hui les racailles et les gosses de riche, des petits moi hypertrophiés, incultes et dangereux, des moi sans surmoi dirait Freud. J’ajouterais aussi, mais l’auteur le reconnaît souvent, qu’il existe bien d’autres transcendances… Marcel de Corte, croyant et catholique traditionnel, mettait lui-même en avant des choses comme la famille, la patrie, le métier qu’on pratique ; et j’ajouterais l’esprit scientifique, le souci d’exactitude, l’exigence du Vrai tout simplement, car tout cela, c’est aussi de la transcendance et donc de la force anti-narcissique.
Author: Florian Mazé
Published at: 2025-06-30 12:01:05
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