Ce n'est donc pas Zelda qui mène l'enquête, mais elle qui en devient l'objet : l'homme au chapeau haut de forme et le garçon aux cheveux de paille venus la chercher ont besoin de ses services pour résoudre « trois cents ans d'énigmes et d'interludes fâcheux » entre l'Écosse et les États-Unis : un revenant « encapé, balafré », mort plusieurs fois et qui revient toujours, tout droit sorti du Maître de Ballantrae (1889), de Stevenson, hanterait Ron et Aida Mackellar, un couple d'Américains. James Durrisdeer, le « Maître », opposé dans une lutte fratricide à son frère Henry pour une chasse au trésor, se serait échappé de son roman d'origine pour s'inviter dans celui de Marie Cosnay - à moins que l'histoire contée aujourd'hui ne soit pas un écho à celui de Stevenson mais sa source, puisque, inversant les époques, y évoluent des personnages qui auraient inspiré Stevenson : Ron Mackellar aurait un ancêtre, Ephraïm, secrétaire particulier il y a trois cents ans de la famille Durrisdeer, dont les Mémoires auraient inspiré son intrigue à l'écrivain écossais. À la fois suite du roman de Stevenson et son origine, Le Trésor de Ballantrae tient compte non seulement des faits, mais aussi des mots : de Stevenson, mais aussi de Mackellar - ceux dont Stevenson s'est servi pour son roman, mais aussi ceux qu'il a laissés de côté, collaboration accidentée entre le réel et la fiction, les événements et leur mise en mots.
Author: La Tribune
Published at: 2025-06-25 13:00:00
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