À en croire la plupart, la « désinformation » constituerait l'une des plus graves menaces pour la démocratie, justifiant des politiques étatiques d'une intrusion extrême censées « protéger » l'espace public, quand ceux qui s'y opposent au nom de la liberté d'expression ne seraient, au mieux, que des libertariens évaporés ou, pire, des admirateurs secrets de Donald Trump ou de Vladimir Poutine. En 1946, il avait assisté à un congrès organisé par le PEN [association internationale créée en 1921 qui promeut la liberté d'expression et de création et qui défend les droits des écrivains, NDLR] censément dédié à la défense de la liberté d'expression. Or, comme il le narre dans un délicieux petit essai intitulé L'Empêchement de la littérature, il eut le sentiment que ce congrès n'avait en réalité pas grand-chose à voir avec la défense de la liberté d'expression : « Dans cette assemblée de plusieurs centaines de têtes, dont peut-être la moitié sont celles d'écrivains de métier, pas un seul n'a rappelé combien la liberté de la presse, si elle a le moindre sens, est une liberté de critiquer et de contredire.
Author: Yascha Mounk
Published at: 2025-10-08 15:00:00
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