À un rythme soutenu, l’administration multiplie les annonces qui bousculent les équilibres établis : relance du projet d’achat du Groenland, y compris sans exclure un recours militaire ; reprise publique de nombre de narratifs pro-russes par des responsables américains (sans même compter l’épisode de la rencontre Trump-Zelensky de février) ; enfin, escalade protectionniste avec l’instauration de nouveaux tarifs douaniers, souvent annoncés de manière unilatérale et soudaine et qui fluctuent selon les humeurs du locataire actuel de la Maison-Blanche. Olivier Schmitt, professeur et spécialiste des alliances au Collège royal de défense du Danemark, a évoqué l’hypothèse il y a quelques mois déjà d’une « varsovisation » de l’OTAN : un scénario où Washington transformerait l’organisation en une sorte de pendant du pacte de Varsovie avec un dispositif rigide et asymétrique, fondé sur la crainte plus que sur la coopération. Contrairement à la Chine ou à la Russie, qui appliquent une forme d’hégémonie autoritaire, mais avec une certaine cohérence stratégique et un cadre de prévisibilité, l’administration Trump agit comme si les relations internationales relevaient d’un jeu non itératif, au sens de la théorie des jeux, c’est-à-dire un jeu non répété où si l’on suit la théorie, la non-coopération est la stratégie la plus gagnante.
Author: Laurent Borzillo, Chercheur invité au CCEAE de l'Université de Montréal et chercheur associé au CESICE de l'Université de Grenoble, École nationale d'administration publique (ENAP)
Published at: 2025-06-18 13:42:54
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