C’est aussi une forme de désillusion et de tristesse qui peu à peu s’installe, l’aveu d’un échec amer quand il s’agit d’évoquer la place minime réservée à ces combattantes, mises de côtés après l’indépendance de l’Algérie et à travers elles, au sort et à la maltraitante faites à toutes ces femmes qui ont fait l’histoire mais se sont vues privées de toutes formes de considération. Si certaines interrogées nient cette logique d’invisibilisation dont elles ont fait l’objet, pariant davantage sur le libre arbitre de chacune que sur une logique misogyne d’effacement, Les mots qu’elles eurent un jour se révèle extrêmement poignant dans son entreprise de réparation (“non c’est important c’est pas de la vieille histoire” dit l’une d’entre elle). Raphaël Pillosio a la très bonne intuition d’exploiter à égalité avec ces images d’aujourd’hui, le beau film en noir et blanc de 1962, de lui ménager un espace important, de laisser vivre ces images muettes à l’évidente cinégénie, sans son, sans voix, comme pour prendre le temps de les regarder toutes, une par une, de s’imprégner de leurs visages jusqu’à nous les rendre familier.
Author: Marilou Duponchel
Published at: 2025-06-09 12:50:39
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