D’une part, on observe certains développements qui paraissent constructifs, même si le pouvoir exécutif est très concentré entre les mains du président transitionnel : la « conférence de la victoire » tenue en janvier 2025 devant un conclave fermé de chefs de factions militaires, et marquée par la nomination au poste de président par intérim d’Ahmed Al-Charaa, le leader du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC), a proclamé la suspension de la Constitution du régime précédent, la dissolution des services de sécurité, de l’armée, du parti Baas et du Parlement, et la mise en place d’un comité de dialogue national. Celle-ci a alors eu la haute main sur le Nord-Ouest de la Syrie, région promue « zone de désescalade » dans des négociations complexes conduites par Ankara avec la Russie puis avec l’Iran : ce processus dit d’Astana n’empêcha pas la Turquie de pratiquement entrer en conflit direct avec la Russie en février 2020 lors d’une tentative de reprise de la zone d’Idlib par le régime Assad. Pour que les dynamiques de violence — qui sont courantes dans les cas de transition et, chose très étonnante, n’ont surgi véritablement en Syrie que quatre mois après la chute du régime — restent isolées ou sporadiques et soient « subsumées » au plus vite par des dynamiques institutionnelles, s’impose un retour de l’État, en termes de règles constitutionnelles du jeu politique, de réorganisation institutionnelle et de processus de justice, et laissant une place au contrepoids que constitue l’action de la société (civile).
Author: Philippe Droz-Vincent, Professeur agrégé en sciences politiques et en relations internationales. Spécialiste du monde arabe, Sciences Po Grenoble
Published at: 2025-04-23 14:23:26
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