La politique multiforme de la Russie en Afrique du Nord et au Moyen-Orient

La politique multiforme de la Russie en Afrique du Nord et au Moyen-Orient


Dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine, les priorités de Moscou étaient claires : entre la consolidation de la relation avec la Turquie (en dépit des différends, en Syrie comme en Libye), qui inclut un volet économique et énergétique non négligeable (tourisme, fourniture de gaz, partenariat dans le secteur du nucléaire civil) et un soutien coûteux et stérile à un pouvoir syrien incapable de reconquérir l’ensemble du territoire et honni par une grande partie de la population, le choix devenait évident. Bien sûr, il existe une gauche européenne qui affiche sa solidarité à la fois avec les Ukrainiens et avec les Palestiniens, mais deux tendances peuvent être constatées aussi bien parmi de nombreux élus européens que sur les réseaux sociaux : une solidarité avec l’Ukraine qui s’accompagne d’une solidarité avec Israël au nom d’un occidentalisme plus ou moins revendiqué ; des militants pro-russes jouant pleinement la carte du « deux poids deux mesures » susmentionnée, et d’une supposée connivence russe avec le « Sud global » (dont la version russe est la notion de « majorité mondiale »). Des doutes subsistent sur la réalité de la relation russo-américaine : d’un côté, abandonner l’idée de faire contre-poids à l’influence de Washington contredirait la rhétorique russe de la « désoccidentalisation » ; de l’autre, une normalisation des relations avec les États-Unis peut être perçue comme un atout non négligeable en vue du dépeçage de l’Ukraine, dossier prioritaire pour Moscou.

Author: Adlene Mohammedi, Expert associé au CERI, Sciences Po


Published at: 2025-08-26 15:20:17

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