Gravés dans l’histoire, comme les personnages de « la Plus Précieuse des marchandises » dont les visages semblent dessinés au fusain ou sculptés dans l’écorce d’un arbre et auxquels les voix de Dominique Blanc, Grégory Gadebois (ayant repris le flambeau de Gérard Depardieu, persona non grata) et Denis Podalydès donnent vie. D’une grande fidélité au texte de Grumberg, Michel Hazanavicius a l’intelligence d’en réorganiser la structure : la réalité y rattrape peu à peu la fiction, la fable enfantine est gagnée par des visions à la Edvard Munch suivant l’éveil du bûcheron, dont l’ignorance et le déni sont balayés par une prise de conscience qu’il ne peut réfuter : l’enfant juif que sa femme héberge n’est pas un sous-homme tout comme la marchandise que transportent les trains qu’il voit passer chaque jour. Oui, les sans-cœur ont un cœur, la bûcheronne et le bûcheron sont des Justes et ce film intemporel, narré par la voix enveloppante d’un Jean-Louis Trintignant à l’hiver de sa vie, est bouleversant de grâce et de pudeur.
Author: Nicolas Schaller
Published at: 2025-05-27 15:00:07
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