Ceux qui, par haine du passé, crient aujourd’hui contre la noblesse, oublient que ce fut un membre de cette noblesse, le vicomte de Noailles soutenu par le duc d’Aiguillon et par Mathieu de Montmorency, qui renversa l’édifice, objet des préventions révolutionnaires… Les plus grands coups portés à l’antique constitution de l’État le furent par des gentilshommes ». Mais il faut attendre quelques décennies plus tard pour qu’à l’autre bout du spectre politique, Michelet fasse passer l’intensité et l’ampleur de ce qui s’est joué là, tout particulièrement quand il évoque comment le jeune duc d’Aiguillon, le plus riche seigneur en propriétés féodales après le roi, « dit qu’en votant la veille des mesures de rigueur contre ceux qui attaquaient les châteaux, un scrupule lui est venu, qu’il s’était demandé à lui-même si ces hommes étaient bien coupables… Et il continua avec chaleur, avec violence, contre la tyrannie féodale, c’est-à-dire contre lui-même » (Scènes de la révolution française). D’où cette contagion de liberté qui n’a pas fini d’étonner, car après le duc d’Aiguillon et le vicomte de Noailles, c’est le vicomte de Beauharnais, le marquis de Foucault, et puis ce Le Guen de Kerengal, inconnu, « qui ne parla jamais ni avant ni après », le jeune Montmorency mais aussi Lepeletier de Saint-Fargeau qui « désirait que le peuple jouit immédiatement de ces bienfaits.
Author: Paul Jorion
Published at: 2025-08-04 16:47:08
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