La méthanisation, stade suprême de l'agriculture industrielle

La méthanisation, stade suprême de l'agriculture industrielle


Mais, au-delà des remèdes à apporter aux multiples nuisances, deux visions de la filière s’opposent : d’un côté, un écosystème avec de petits méthaniseurs, consommant et produisant ce dont il a besoin localement, à l’échelle d’une exploitation ; de l’autre, un système productiviste qui repose sur d’immenses méthaniseurs, centralisant les lisiers de dizaines de fermes, et qui vise à produire de grandes quantités d’énergie à répartir sur un réseau national ou à vendre à l’étranger, avec de plus grosses centrales — mais qui ne se contente plus de recycler et doit être alimenté par une production accaparant une partie des surfaces agricoles. Car un sol vivant a aussi besoin de carbone, de bactéries, de champignons, de plantes… La teneur en carbone des sols de nombreuses régions françaises n’a cessé de diminuer depuis des décennies à cause de l’intensification des pratiques agricoles et de la transformation de prairies permanentes en cultures (8). Pour éviter l’augmentation des coûts des déchets et la concurrence violente de grosses entreprises capables de faire pression, certains agriculteurs ou groupements réfléchissent à développer les cultures intermédiaires tandis que d’autres ont déjà atteint le plafond de 15 % de cultures consacrées à l’alimentation — une limite mise en place par l’État pour éviter les dérives qu’a connues l’Allemagne, où des agriculteurs se sont mis à cultiver des végétaux uniquement pour leur méthaniseur, au détriment de l’alimentation humaine ou animale.

Author: Claire Lecœuvre


Published at: 2025-06-23 16:07:42

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