La déflagration «Sirāt», jusqu'aux limites

La déflagration «Sirāt», jusqu'aux limites


Comme dans ses trois films précédents, dont deux déjà tournés dans le désert marocain, le quasi-documentaire Vous êtes tous capitaines (2010) et le poème visuel empreint de mysticisme Mimosas, la voie de l'Atlas (2016), mais aussi la chronique inspirée d'un monde livré aux brasiers du réchauffement climatique et de la haine de l'autre, Viendra le feu (2019), le cinéaste franco-espagnol invente un cinéma sur une ligne de crête entre grand spectacle et méditation. Pour Sirāt, Óliver Laxe semble avoir filmé comme ses personnages dansent, au-delà de la fatigue et de la lucidité, dans une sorte de transgression illuminée par une quête extrêmement physique, polarisée par l'appel d'une forme de dépassement de soi, de pari sur une autre harmonie. Film fantastique au plein sens de l'expression, film d'horreur déjouant tous les codes du genre, vrai film d'aventure, film de guerre, survival, film musical aussi, Sirāt invente sa voie (c'est la signification du titre, en arabe, comme indiqué au début de la projection) en suivant sa propre route, avec tendresse et humour souvent, sur un chemin balisé par les embûches de la violence et de l'absurde.

Author: Jean-Michel Frodon


Published at: 2025-09-09 17:55:01

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