“Je suis ce qui me manque”, la révolution intérieure de Dionys Mascolo

“Je suis ce qui me manque”, la révolution intérieure de Dionys Mascolo


Je ne vis que grâce à ce qui me manque.” À la mesure de cette confession confondante faisant du manque une plénitude et de l’appel à tout transformer l’horizon d’une vie entière, on trouve dans les carnets inédits de Dionys Mascolo (1916-1997), réunis aujourd’hui par les éditions La Fabrique dans Je suis ce qui me manque, la radicalité d’une pensée politique, et poétique, largement oubliée dans l’histoire culturelle française. Or, comme le soulignent Đỗ Văn Nghĩa et Julien Coupat dans la postface du livre, cette gloire elle-même a un goût d’avant-garde : “Mascolo aurait été l’un des premiers hommes à devoir toute sa gloire à celle qui fut sa compagne !” “C’est donc aussi l’un des premiers hommes qu’il faut sauver d’avoir été le ‘mari de’”, observent, perfidement, les éditeurs de ces carnets que Dionys Mascolo n’a cessé de tenir de juillet 1938 jusqu’à 1993, quatre ans avant sa mort. Une vie et une pensée attachées dans leur articulation même à une idée essentielle : “Ne jamais perdre de vue que penser peut modifier l’ordonnance du monde.” Sa philosophie du refus fut donc celle d’une utopie radicale, d’une exigence révolutionnaire illimitée, s’accommodant d’un manque autant que de l’appel à la création de quelque chose qui n’existe pas encore et dont on a le désir profond.

Author: Jean-Marie Durand


Published at: 2025-10-14 15:04:36

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