Gérard Noiriel : « Contre l’extrême droite, il faut construire un intellectuel collectif »

Gérard Noiriel : « Contre l’extrême droite, il faut construire un intellectuel collectif »


C’est pour cela que j’ai fait commencer mon Histoire populaire de la France (Agone, 2019) en 1439, quand Charles VII met en place la taille, l’impôt royal, régalien, qui permet de payer les soldats, de développer l’Etat, et qui va générer les luttes sociales – car les grandes luttes populaires, jusqu’en 1789, ce sont des luttes à partir de la question de l’impôt. Il y a des raisons économiques : la crise des années 1980, la désindustrialisation, l’atomisation des collectifs ouvriers et des formes de solidarités qui les accompagnaient, un déclassement global de la France, qui avait fait partie des pays les plus puissants du monde et qui, aujourd’hui voit son influence reculer alors que l’Europe, qu’on pensait être l’antidote, s’est révélée inopérante car les intérêts nationaux restent fondamentaux et empêchent une véritable solidarité européenne. Je montre dans mon livre que la révolution du journal, la presse de masse qui pénètre toutes les classes sociales, a engendré ce qu’on appelle « l’actualité », avec ses dérives analysées par Emile Zola, la fuite en avant du fait divers au détriment de la rationalité… La presse de faits divers a joué un rôle dans la montée de la xénophobie et de l’antisémitisme aux débuts de la IIIe République.

Author: Hervé Nathan


Published at: 2025-11-15 06:00:00

Still want to read the full version? Full article