Dans son pamphlet pour « restaurer l’âge d’or de l’Amérique », le stratège d’extrême droite Kevin Roberts, architecte du « Project 2025 » et source d’inspiration des élites trumpistes, classait les universités de la Ivy League [regroupant les huit établissements privés les plus prestigieux du pays] dans le groupe des institutions « décadentes et sans racine », « sanctuaires des élites corrompues », qui contribuent à « l’euthanasie de la nation ». Sous couvert de répondre aux risques de discrimination dont seraient victimes les étudiants juifs sur les campus universitaires – accusation grave mais largement instrumentalisée dans le contexte états-unien –, l’administration fédérale utilise aujourd’hui tous les leviers politiques, médiatiques, juridiques et financiers pour obliger les universités à céder à ses exigences idéologiques : gel de milliards de dollars de contrats publics, investigations du Department of Justice sur les politiques d’admission, menaces de poursuites judiciaires en cas de protestations étudiantes qualifiées d’« illégales », enquêtes menées auprès des établissements pour obtenir des informations personnelles sur leurs enseignants, révocations de visas, raids policiers, mise en détention arbitraire et déportation d’étudiants étrangers accusés d’atteintes aux intérêts nationaux, quand ce n’est pas de « soutien au terrorisme ». Plutôt que d’assumer un bras de fer avec le département de l’Education, son administration n’a opposé aucune résistance à l’ultimatum qui lui a été adressé, exigeant la mise sous tutelle de son département d’études moyen-orientales, le renforcement des pouvoirs policiers sur le campus, la réforme des admissions (interdisant toute forme de discrimination positive) et l’interdiction du port de masques.
Author: Olivier Nay
Published at: 2025-04-22 13:00:29
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