“Dalloway” de Yann Gozlan : quand le cinéma d’anticipation a un train de retard

“Dalloway” de Yann Gozlan : quand le cinéma d’anticipation a un train de retard


Outre le caractère assez bancal de l’argument, qui repose sur une projection assez anachronique des dangers de l’IA (a priori, le plus communément redouté par les artistes est qu’elle crée à leur place, pas qu’elle les séquestre physiquement et triture leur gazinière), Dalloway a de toute façon l’air d’un film qui n’existe pas, qui n’a pas de corps : une vague idée jetée sur une incarnation flasque, inodore, éthérée, incomplète, évoquant le storyboard vidéo, la visite 3D de condominium ou la présentation Powerpoint de dépliant urbanistique. Si le film veut se référer par exemple à Her, alors il est complètement passé à côté de son esprit de modération, puisque dans le film de Spike Jonze les ordinateurs ressemblent à ceux d’aujourd’hui, et on ne prononce même pas le mot Internet : il avait bien compris que l’avenir de la civilisation technologique tendait vers un effacement apparent de ses moyens, et non vers leur prolifération physique. À l’inverse de Gozlan, qui n’a rien de tel en magasin : uniquement des réflexes de normie, un torrent de banalités paranoïaques sur la surveillance consentie, les robots ménagers, Big Brother et les GAFAM, et dont il épuise assez rapidement la charge dystopique pour se réfugier dans une espèce de guerre des boutons bien pépère entre l’humain et la machine, évoquant moins les méditations de 2001 que la home invasion bon enfant à la Maman, j’ai raté l’avion.

Author: Théo Ribeton


Published at: 2025-09-15 14:44:31

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