Commémorations de la Seconde Guerre mondiale en Russie : une vitrine géopolitique

Commémorations de la Seconde Guerre mondiale en Russie : une vitrine géopolitique


C’est à partir de 2014, année de l’annexion de la Crimée, que parallèlement au développement d’une propagande militariste qui ne cessera de prendre de l’ampleur depuis, Poutine s’est mis à déléguer de plus en plus de place aux forces armées russes actuelles, en les qualifiant de « dignes héritières des héros de la Grande Guerre patriotique » (discours de 2016). La tonalité des discours de Poutine de 2022, 2023 et 2024 était particulièrement offensive, parsemée d’invectives à l’encontre de « l’Occident », de l’OTAN, des « révisionnistes », et de tous ceux que le président russe accuse d’« alimenter le fascisme » et de porter atteinte aux intérêts et à la sécurité de son pays. Cela est déjà notable dans la façon qu’ont les Russes, dans la continuité soviétique, de désigner le conflit commémoré le 9 mai : il ne s’agit pas de la Seconde Guerre mondiale, mais de la Grande Guerre patriotique, c’est-à-dire la partie du conflit qui a eu lieu entre juin 1941 (invasion de l’URSS) et mai 1945 – une façon commode d’éluder la phase du pacte germano-soviétique (que Poutine assume à sa façon), qui a permis à l’URSS d’être épargnée par le Reich de septembre 1939 à juin 1941, tandis que l’Europe était déjà bien en guerre.

Author: Sarah Gruszka, Historienne, chercheuse associée au CERCEC (EHESS/CNRS) et à l'UMR Eur'orbem (Sorbonne Université/CNRS), Sorbonne Université


Published at: 2025-05-21 14:09:45

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