Dans la pratique, la Chine adopte une position plus nuancée et pragmatique qui lui permet de ne pas s'impliquer plus directement dans le conflit, de maintenir le régime de Poutine à flot, mais de se présenter comme un artisan de la paix sur la scène internationale. Ce qui est vrai également, c’est que la marge de manœuvre stratégique de Moscou vis-à-vis de Pékin s’est considérablement réduite ces dernières années… Il y a dix ou quinze ans, la Russie savait jouer des rivalités entre la Chine et le Japon pour obtenir de meilleures conditions dans des projets d’infrastructures comme le pipeline en Sibérie. Depuis, Pékin a multiplié les initiatives visant à structurer un contre-modèle : élargissement des Brics, renforcement de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), création de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB), initiatives dans le cadre du G20 et des Nations unies… Cette ambition repose sur une vision plus large, incarnée par la notion de "communauté de destin pour l’humanité", un concept issu de la tradition impériale chinoise ("天下", tout sous le ciel), que Xi Jinping adapte à la géopolitique contemporaine afin de promouvoir un modèle dans lequel la Chine est au centre.
Author: Baptiste Gauthey
Published at: 2025-05-14 16:00:00
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