Camp Napoléon, un autre camp d’Auschwitz

Camp Napoléon, un autre camp d’Auschwitz


Les Allemands voient d'un bon œil cette autogestion du camp, auquel ils accorderont, à la demande de Toupet, des cérémonies patriotiques quotidiennes – surnommées des « face à l'ouest » avec clairon et minute de silence – et des permissions sanitaires : « En concertation avec la Reichsbahn, la SNCF organise même un flux de trois trains Auschwitz-Paris par semaine pour ramener les travailleurs permissionnaires », souligne Spina. Enregistrés avec un Ausweis, vaguement encadrés par des Werkschutz, des gardiens allemands âgés, les STO se rendent librement à pied, en traversant le cimetière juif abandonné d'Oswiecim (Auschwitz), jusqu'à leur lieu principal de travail : après quarante-cinq minutes de marche, ils atteignent l'immense usine IG Farben (caoutchouc synthétique) du complexe de Buna, où ils côtoient d'autres requis du travail, italiens, belges, polonais, mais aussi des déportés juifs issus du camp voisin de Monowitz (Auschwitz III). « Ils ont leur dimanche de libre, dépensent leur argent à la pâtisserie, font du sport, notamment du football, ils lisent grâce à des livres de la bibliothèque du camp, prennent le train jusqu'à Katowice, Bielitz, dans un rayon autorisé de 50 kilomètres, voient leurs copains dans d'autres camps, vont à la messe dans l'église polonaise », précise le père Patrick Desbois, qui prépare un ouvrage sur ces camps de haute Silésie.

Author: François-Guillaume Lorrain


Published at: 2025-06-01 08:00:00

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