On peut imaginer, dès lors, la joie mauvaise des opinions, l'euphorie des marchés financiers et les acclamations des pacifistes qui, à l'instar des « cons » dont Daladier, de retour de Munich, soufflait à Alexis Leger, dit Saint-John Perse, qu'ils ne savaient pas quelle forfaiture ils applaudissaient, auront, et le déshonneur, et, très vite, une nouvelle guerre plus terrible et plus mondiale encore. Et, surtout, jusqu'à quand répétera-t-on, comme des disques rayés, que « le temps joue pour la Russie » et que « l'Ukraine est en difficulté » quand la première n'a conquis, en trois ans et demi, que 1 % du territoire convoité et qu'il ne se passe pas une semaine sans que la seconde affiche, en Russie même, une victoire éclatante qui force l'admiration du monde ? Si l'Ukraine refuse la fausse paix, sans garantie de sécurité, qu'on tentera de lui imposer en Alaska, et si Trump, exaspéré, sort du jeu, comme ne cessent d'en agiter la menace, en privé, ses conseillers (« n'exaspérez pas le président… si le président gets exasperated, il enverra tout le monde promener et laissera les belligérants à leur bac à sable… »), saurons-nous nous opposer à une Amérique que nous n'avons pas osé contrer dans l'affaire des tarifs douaniers ?
Author: Bernard-Henri Lévy
Published at: 2025-08-12 18:30:00
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