En quelques mois à peine, aux Etats-Unis, des centaines de chercheurs ont été licenciés, des projets majeurs sur le climat, la santé publique, la culture scientifique ou les vaccins ont été stoppés, des départements universitaires ont été fermés, des revues scientifiques discréditées, des comités d’experts dissous, des données effacées, des sites Web supprimés… Loin d’être limitée, comme on pouvait s’y attendre, aux sciences du climat ou aux sciences sociales, l’offensive s’avère globale et, selon les préceptes du Mandate for Leadership formulés par le think tank conservateur The Heritage Foundation, semble vouloir en finir avec l’idéal d’une science non utilitariste – un idéal forgé au lendemain de la seconde guerre mondiale avec « Science, the Endless Frontier », célèbre rapport remis au président Roosevelt par son conseiller scientifique, Vannevar Bush, qui préconisait le soutien des Etats à la science en temps de paix. Là où la France, par exemple, qui a introduit l’intégrité scientifique dans le code de la recherche, laisse la liberté aux scientifiques de définir ces normes et leurs éventuelles variations, selon les domaines concernés, ici, rien de tel : est dite intègre, selon l’ordre exécutif, toute recherche financée sur la base de fonds fédéraux qui peut être décrite comme étant tout à la fois : 1) reproductible ; 2) transparente ; 3) capable de communiquer sur ses erreurs et ses incertitudes ; 4) développée de façon collaborative et interdisciplinaire ; 5) capable de douter de ses résultats et de ses a priori ; 6) structurée pour être réfutable ; 7) soumise à un contrôle impartial par des pairs ; 8) attentive aux résultats négatifs et 9) exempte de conflits d’intérêts. En effet, la crise de confiance envers les scientifiques découle de la crainte que les préjugés politiques ne prennent le pas sur la quête essentielle de la vérité.
Author: Michel Dubois, Catherine Guaspare
Published at: 2025-07-23 15:10:03
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