On vérifie, et on se rend compte en effet qu’il est l’auteur d’une vingtaine de livres, ses activités et engagements se déployant sur un spectre très large : du roman au récit documentaire, en passant par le théâtre, l’exercice biographique (sur Johnny Cash ou Marlon Brando), les essais en collaboration, l’édition d’un colloque sur Malcolm Lowry… S’il est fixé à Paris, c’est aussi un voyageur qui arpente volontiers le réel, enquêtant, par exemple, sur les prostituées mineures congolaises (L’Age de la première passe, Verticales, 2020) ou les ouvriers d’une usine condamnée à fermer dans la Creuse (Ceux qui trop supportent, Verticales, 2021), en essayant à chaque fois d’expérimenter des dispositifs d’écriture originaux : il y a chez lui quelque chose du maître d’atelier, et ce n’est pas pour rien qu’il s’est vu attribuer la chaire artistique créée en 2024 à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Un hôtel tunisien reconverti en clinique y tient lieu de dispositif, plutôt que de simple décor : le texte s’apparente à une installation où communiqueraient deux mondes, celui d’hommes blessés à la guerre, souvent gravement mutilés, et celui de femmes ayant recours à la chirurgie esthétique. Le livre est à la fois une fable sur les effets des conflits armés contemporains, puisque l’action est clairement située dans la Tunisie de l’après-Ben Ali, et une réflexion sur la guerre des sexes, qui réfléchit aux rapports de désir et de domination.
Author: Fabrice Gabriel
Published at: 2025-12-20 05:00:07
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