Ari Aster et « ces merdes » qui rongent l’Amérique

Ari Aster et « ces merdes » qui rongent l’Amérique


Une œuvre-manifeste sur l'ultime virage de l'humanité postmoderne avant sa sortie de route définitive, une apocalypse préparée par le télescopage de quatre fléaux : l'avènement des réseaux sociaux, notre enfermement dans nos bulles cognitives, la polarisation politique extrême et, cerise sur le millefeuille des névroses, le traumatisme collectif de la pandémie de Covid 19, dont le poison lent n'a pas fini d'agir. L'intrigue est la somme de toutes les peurs observées par l'auteur : dans la bourgade imaginaire qui donne son titre au film, un shérif jaloux des libertés individuelles et un maire idéaliste ultra-narcissique s'affrontent autour de deux conceptions radicalement opposées de la politique à appliquer pour conjurer le virus – qui n'a infecté jusqu'ici personne, dans ce bled de 2 435 âmes en plein Nouveau-Mexique. Le fluet Aster parle d'une voix douce, parfois à peine audible dans le brouhaha de la terrasse où nous le rencontrons, mais son propos déploie la force d'un salutaire cri de lanceur d'alerte : « Nous sommes coincés dans des boucles de réaction, dans un état de stase, tandis qu'un vrai pouvoir est à l'œuvre du côté des nouvelles technologies, qui changent le monde.

Author: Philippe Guedj


Published at: 2025-07-15 12:00:00

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