On trouve ainsi, parmi les organisateurs de l’hébergement des enfants espagnols en France, la Confédération générale du travail (CGT) et certains de ses syndicats, comme celui des instituteurs, mais aussi l’évêché de Dax et l’archevêché de Bordeaux, un jésuite militant d’Action catholique, la municipalité communiste d’Ivry-sur-Seine, des fédérations de coopérateurs, un comité de socialistes suédois, des communistes tchèques, le Grand Orient de France, le pédagogue Célestin Freinet, des grandes bourgeoises insérées dans les réseaux pacifistes de la Société des Nations (SDN), d’anonymes professeures de lycée parisiennes, dont c’est le premier engagement, ou encore des intellectuels catholiques de renom comme Jacques Maritain ou François Mauriac. Indépendamment de son ampleur, puisqu’elle concerne près de 15 000 enfants, et de la charge de travail concret impliquée, bien supérieure à celle de la rédaction d’un manifeste ou d’un discours de meeting, l’évacuation des enfants reste un problème mineur par rapport à cette question majeure qu’est le positionnement politique face à la guerre d’Espagne : quel parti faut-il prendre ? En ce sens, les évacuations enfantines appartiennent à la panoplie d’initiatives solidaires déployées au service de la République espagnole, de l’envoi d’armes et de volontaires à celui de matériel médical et de denrées alimentaires, des grèves de solidarité à la réalisation de reportages photographiques et de films documentaires.
Author: Célia Keren, Maîtresse de conférences en histoire, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay
Published at: 2025-10-21 13:00:39
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